3 films d’avril 2023 : Les trois mousquetaires, Suzume et Ghosted

Ce mois d’avril 2023 confirme que nous avons enfin quitté la période Covid. En effet, le nombre de sorties du mois est assez impressionnant, d’autant plus que nombreuses étaient de bonne qualité. De plus, contrairement au mois de mars, les sorties d’avril n’étaient pas majoritairement des suites mais bien des films originaux, malgré plusieurs adaptations.
Sont sortis ce mois-ci Super Mario Bros le film, adaptation du célèbre personnage de jeu-vidéo, Donjons et Dragons, adaptation du célèbre jeu de rôle, Beau is Afraid, nouveau film d’Ari Aster (Midsommar), La vie pour de vrai, nouveau Dany Boon mais aussi, en streaming, le nouveau Guy Ritchie, Opération Fortune et le remake de Peter Pan par David Lowery, Peter and Wendy.
Je n’ai malheureusement pas eu la chance de voir le nouveau film d’Ari Aster. Pour ce qui est du nouveau Dany Boon, le long-métrage n’est guère de grande qualité en raison d’un humour qui ne va pas au bout de ce qu’il veut raconter, et cela alors même que les blagues sont déjà vues. Le film de Guy Ritchie déçoit énormément, le style du réalisateur étant dilué pour créer un téléfilm peu passionnant. Quant aux adaptations de Mario et de Donjons et Dragons, le premier se base sur le fanservice pour créer son histoire, la rendant accélérée et peu développée malgré une sublime animation, tandis que Donjons et Dragons est un des blockbuster les plus généreux sortis depuis longtemps : bien réalisé, bien joué et avec un scénario tenant la route et laissant la place au développement des personnages.
Les trois films que je vais traiter sont l’adaptation française des Trois Mousquetaires, le nouveau film d’animation japonais de Makoto Shinkai ainsi que le nouveau film d’Apple TV +, Ghosted avec Ana de Armas et Chris Evans.


Les trois mousquetaires : d’Artagnan de Martin Bourboulon, sorti le 05 avril au cinéma

Le cinéma français est indéniablement l’un des plus grands cinémas à avoir existé et a existé. Chaque année, la France sort plus de cent films parmi lesquels se trouvent de quoi plaire à tous, qu’il s’agisse de comédies ou bien de drames, que la qualité soit présente ou non. Or contrairement à ce que peuvent laisser penser certaines personnes notamment à cause des mauvaises promotions, il y a souvent bien plus de films de qualités que le contraire. Toutefois, lorsqu’il s’agit de cinéma français avec l’ambition d’un blockbuster américain, les résultats sont souvent aux abonnés absents à cause de producteurs sceptiques à l’idée de dépenser de l’argent dans des productions qu’ils ne sont pas sur de rembourser. Mais en 2023, Pathé a décidé de produire l’adaptation du chef d’œuvre de la littérature d’Alexandre Dumas, en deux parties, chacune ayant coûté 36 Millions d’euros.Les Trois Mousquetaires : d’Artagnan est la première partie du diptyque écrit par le duo Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte (Le prénom) et réalisé par Martin Bourboulon (Papa ou Maman). Il s’agit du gros Blockbuster français de l’année avec le (raté) Astérix de Guillaume Canet. Ce film se devait d’être bon afin de prouver que le cinéma français n’est pas uniquement capable de faire d’excellentes comédies ou d’excellents drames, mais possède encore la faculté de créer des blockbusters ambitieux. Au casting, de grands noms du cinéma français actuel ont signés présent pour cette aventure : François Civil (Bac Nord), Eva Green (Casino Royale), Vincent Cassel (La haine), Lyna Khoudri (The French Dispatch), Pio Marmaï (Felicità), Romain Duris (L’Auberge Espagnol) et Louis Garrel (L’innocent). Pari réussi ?

Confier un blockbuster français au réalisateur des très bonnes comédies Papa ou Maman peut inquiéter. Surtout si le dernier film du réalisateur était le biopic raté Eiffel. Pourtant, Martin Bourboulon réussit à convaincre. Sa mise en scène n’a rien d’exceptionnelle et repose principalement sur des plans séquences afin de cacher le manque de budget sur certains plans, notamment lors des scènes d’actions, mais elle fait toutefois le travail demandé, offrant assez régulièrement pour satisfaire des idées de mise en scène intéressantes. Quant aux plans séquences, ce serait mentir que de dire que je n’ai pas pris mon plaisir en les voyant. Là où certains sont en effet là pour cacher la misère, offrant des scènes d’actions parfois illisibles, d’autres sont bien plus merveilleux et spectaculaires comme l’introduction de D’Artagnan à la compagnie des mousquetaires du roi. Une réalisation imparfaite donc mais parvenant tout de même à convaincre efficacement. Pour l’action, comme je l’ai dit, certaines scènes sont illisibles à cause de l’aspect chaotique des plans séquences. Malgré cela, l’action s’en sort plutôt bien et l’aspect épique parvient à être lisible.
Point légèrement plus fâcheux, la photographie. De très beaux plans existent dans le long-métrage. Malheureusement, ceux-ci subissent un étalonnage à améliorer dans lequel tout est sombre, raison de plus de l’illisibilité de certaines scènes d’action. Ce point est véritablement dommage car, comme je l’ai dit, il existe de très beaux plans tout au long du film. Autre point technique défaillant, le montage. En effet, celui-ci perd légèrement le spectateur et a une fâcheuse tendance à gâcher certaines scènes comme l’introduction où un moment n’est guère compréhensible ou l’instant où d’Artagnan fuit sur les toits de Paris qui, au lieu de nous offrir une course-poursuite sur ceux-ci décide plutôt de couper pour le ramener directement chez lui.
Enfin, les décors et les costumes sont irréprochables. On ressent véritablement qu’il s’agit d’un tournage en décor naturel et cela permet de s’introduire dans cet univers médiéval, parfaitement retranscrit à l’écran. Cette immersion se fait aussi à travail le travail réalisé sur le son, sûrement le meilleur aspect du film. D’un point de vue auditif, le spectateur est emmené en plein cœur de l’action grâce à un travail soigné. Pour ce qui est de la musique, l’inspiration des blockbusters américains s’entend et offre un rendu plaisant loin d’être dérangeant.
En bref, sur le plan technique, le long-métrage n’a rien à envier à un blockbuster américain : imparfait sur sa mise en scène mais convaincant, une photographie à améliorer mais permettant de beaux plans par instants et un montage gâchant des scènes mais une immersion complète.

Au niveau du casting, si les noms paraissent alléchants, représentant certains membres du gratin actuel français (Civil, Khoudri et Marmaï), d’autres noms font au contraire plus peur (Green, Cassel). Une fois que l’on parvient à accepter le côté théâtral de certaines répliques, certaines manquant de crédibilité, le casting du long-métrage devient alors fort plaisant dans son ensemble. En effet, aucun acteur n’est véritablement en dessous d’un autre et tous font de leur mieux pour correspondre à leurs personnages et leur apporter de quoi s’y attacher. Si le jeu de Lyna Khoudri semble différer de celui du reste du casting, ce n’est pas pour autant que l’actrice ne convainc pas. Au contraire, sa différence de ton dans son jeu correspond parfaitement à son personnage et lui offre un charme fort agréable. Eva Green quant à elle réussit à offrir une Milady à la fois mystérieuse et intrigante par son jeu tandis que Vincent Cassel rend son Athos émouvant. Louis Garrel est quant à lui parfait dans son rôle de roi perdu, ne comprenant pas ce qu’il se passe. Son interprétation réussit à faire rire mais ne tombe jamais dans le ridicule grâce à la justesse de son jeu. Pio Marmaï et Romain Duris parviennent à faire des mousquetaires charismatiques en dépit d’un faible temps d’écran tandis que François Civil se montre plus que convaincant dans ce rôle taillé pour lui.
L’alchimie entre Civil et Khoudri est palpable et permet de rendre la relation entre leurs personnages, d’Artagnan et Constance, crédible et non gênante. La relation entre les deux fait sourire tandis que leur romance est écrite avec justesse. Il s’agit de la meilleure relation du film. En effet, le long-métrage manque cruellement de scènes entre les quatre mousquetaires ce qui aurait sûrement permis d’obtenir plus d’émotion.
Néanmoins, malgré ce manque d’émotions, à l’exception de celle du personnage d’Athos, les personnages se montrent tous plus ou moins attachants, soit grâce au jeu d’acteur irréprochable, soit par une volonté dans l’écriture. Grâce à cela, on parvient à prendre plaisir à suivre leurs aventures malgré une structure scénaristique faillible. En effet, le scénario fait parfois se demander où va l’intrigue du film. Ce problème est quelque peu compensé par une enquête intrigante et un rythme plaisant.
Autre problème scénaristique, cette fois-ci au niveau du personnage de d’Artagnan. Si celui-ci est le plus attachant du long-métrage, il a tendance à subir l’action au lieu d’en être un moteur.
Le travail d’adaptation effectué est plus que convenable, bien supérieur aux dernières adaptations américaines de l’œuvre du Dumas. Cette adaptation est étonnamment très sérieuse et n’en devient jamais ridicule à trop vouloir l’être. L’aspect sérieux est plaisant à suivre et rend les enjeux plus crédibles tandis que les instants de comédie fonctionnent sans gêner le récit. Ceux-ci apportent une touche de gaieté en plus de faire sourire et sont parfaitement introduits pour ne pas gâcher des instants plus dramatiques. Certaines répliques sont en effet très drôles, faisant preuve d’un certain sarcasme qui fonctionne. Enfin, le film possède des idées concernant les mousquetaires assez plaisantes et changeant de la norme des blockbusters classiques. En effet, Aramis torture un ennemi du quatuor pour obtenir des informations, ne faisant pas des mousquetaires un groupe de héros sans défauts. Dommage que le désaccord de d’Artagnan sur cette méthode soit simplement effleuré et jamais développé en profondeur.

En conclusion, la France n’a rien à envier aux américains et est capable d’offrir des blockbusters ambitieux. L’ambition se ressent à tous les niveaux, qu’il s’agisse de l’écriture, le casting ou bien la mise en scène, en particulier le travail sur le son. Si le film souffre tout de même de légers défauts à savoir une photographie trop sombre et un scénario subissant des problèmes de rythme, cela est compensé par un film se prenant au sérieux et à une volonté de réussir dur comme le fer des Mousquetaires, en priant pour que l’émotion soit plus au rendez-vous dans sa suite en décembre. Dommage que pour offrir une telle ambition il faille chercher dans nos histoires du passé. Espérons que le diptyque fonctionne afin que Pathé comprenne que le cinéma français ambitieux dans les mains de personnes remplis de volonté peut faire bouger les choses et que ce genre d’événements cinématographiques ne soient plus rares mais réguliers.


Suzume de Makoto Shinkai, sorti le 12 avril au cinéma

L’animation japonaise, souvent synonyme de qualité, a réussi au cours des années à susciter l’intérêt des spectateurs internationaux notamment grâce au film des Studios Ghibli. Toutefois, ce studio n’est pas le seul à exister. En 2016 sort au cinéma Your Name, long-métrage d’animation du réalisateur japonais déjà connu et récompensé pour La Tour au-delà des nuages. Pourtant, c’est bien Your Name qui permit au réalisateur d’obtenir un grand succès et une meilleure reconnaissance internationale. Suite à ce film à l’animation sublime, le réalisateur enchaîne avec Les Enfants du Temps en 2019 puis commence en 2020 à travailler sur le projet Suzume qu’il préparera pendant la période du Covid. Que vaut ce long-métrage d’animation à l’affiche sublime et au synopsis plutôt étrange dans lequel une jeune fille, aidée d’une chaise doit empêcher un chat d’ouvrir des portes ?

Commençons cette critique par l’évidence : c’est beau.
Suzume s’inscrit dans la lignée des précédents films de Makoto Shinkai en offrant des visuels irréprochables mis en avant par une animation sublimant la rétine. Suzume parvient même à aller encore plus loin que Your Name dans son animation. En effet, si les deux films sont des bonbons visuels, ce nouveau long-métrage l’est encore plus grâce à une animation plus aboutie La maîtrise gagnée par le réalisateur et ses équipes en plusieurs années se ressent à chaque plans, tous étant animés d’une main de maître. Une véritable technique visuelle se ressent et cela fait du bien, d’autant plus que cette technique épouse la beauté pour satisfaire les pupilles. L’animation est marquée par des couleurs sublimes accentuant l’envie de suivre le périple de l’héroïne tout diversifiant les différents lieux et évènements présents dans le long-métrage. L’animation est aussi marquée par des chara design plus que plaisants. En effet, les personnages sont dessinés d’une manière simpliste mais travaillée, rendant la perception de leurs émotions encore plus grandes. Ces designs s’opposent à des décors voulus très réalistes dans l’animation et à un aspect fantastique extrêmement stylisé. Ce contraste de style entre les trois n’est en rien dérangeant et offre au contraire un ressenti plus puissant de ce qu’il se passe à l’écran, permettant de distinguer monde réel et monde fantastique tout en laissant ressortir les personnages. L’impression de mouvements est elle aussi des plus appréciables grâce à une animation des plus fluides, jouant avec le souci du détail dans les décors et véhicules. Pour ce qui est des effets spéciaux, fortement présents lors du dernier acte, ceux-ci sont eux aussi irréprochables. Stylisés et de toute beauté, ils jouent sur la fluidité de l’animation et sur le marquage visuel du long-métrage, à l’instar de la réalisation.
La réalisation de Makoto Shinkai est créative de A à Z, chaque plans étant léchés, et le réalisateur prenant soin à donner la sensation d’une caméra vivante au sein de ce monde animé. Shinkai joue sur la force de l’animation et avec le cadre de l’écran de cinéma pour raconter son récit, grimant l’écran lors de souvenirs, offrant des points de vues subjectifs et n’hésitant pas à jouer avec la colorimétrie.
La perfection de cette réalisation est aussi présente au sein du montage du film, celui-ci participant à la tension mais aussi à l’histoire notamment lors des scènes de fermeture de portes. Seul bémol sur le montage, le mixage son. Celui est efficace toutefois, certains sons sont assez bruyants faisant légèrement mal aux oreilles. Un bémol assez secondaire plus dû à mon manque d’habitude de regarder des films d’animation japonais en Version Originale Sous titrée qu’à un véritable défaut de l’œuvre. Au contraire, des longueurs existent avant le début du dernier tiers du film et se ressentent assez fortement.
Dernier point technique : la musique. Celle-ci est bouleversante et participe grandement à l’immersion dans le long-métrage.

Le côté road-trip du long-métrage est plaisant à suivre, apportant une atmosphère propice au développement des personnages sans oublier de montrer les enjeux du long-métrage. Cet aspect permet aussi à Shinkai d’écrire une lettre d’amour envers les paysages japonais et l’histoire du pays. Grâce à cela, le réalisateur traite d’évènements réels dans l’histoire du Japon, à savoir les différents tremblements de terre dont celui de 2011 et y ajoutent le folklore japonais à travers une explication légendaire de ces tremblements. Tout ceci est bien fait et ne paraît jamais forcé ni ne prenant la place des personnages. En effet, le long-métrage est ce qu’on appelle en anglais « character-driven » ce qui signifie que les personnages sont au cœur même de l’histoire et que celle-ci se développe autour d’eux. Le message sur les monuments japonais abandonnés se ressent grâce au rapport des protagonistes à leur passé, en particulier aux lieux de leur passé et à l’importance que ceux-ci ont pour eux. Ce sont les personnages qui apportent le message du film, à travers leurs relations aux évènements ce qui offre une touche de poésie à Suzume. Oui, Suzume est un film des plus poétique lui apportant un aspect émotionnel fort. Les émotions fonctionnent souvent malgré un côté dramatique pas toujours efficace, en raison des longueurs dont je parle plus haut. L’émotion fonctionne aussi à travers les messages du film, autre que celui sur l’abandon des monuments. En effet, Suzume développe un discours sur la difficulté de grandir à travers son héroïne, sur la difficulté de dire adieu à son passé, ou plutôt de trouver le juste équilibre entre les souvenirs du passé et l’avancement vers l’avenir. Ce message est mis en avant par un second, lui aussi parfaitement retranscrit par l’histoire racontée : un message d’espoir sur la volonté de vivre. À travers Suzume, on suit le parcours de personnages d’abord prêt à se sacrifier mais se rendant compte de la difficulté de cesser de vivre et de la force qu’il faut avoir pour lutter contre l’abandon. Un message porteur d’espoir qui ne serait pas permis sans une écriture de personnages aussi aboutis dans cette histoire bien écrite à l’intrigue intéressante et originale.
Tous les personnages sont bons. Le seul personnage quelque peu décevant par rapport aux autres étant le chat, Daijin, dont le potentiel paraît quelque peu survolé malgré d’excellentes chaises (dont une course poursuite entre ce chat et une chaise. Pour les autres personnages, rien n’est à redire. Suzume est une héroïne agréable à suivre dont le développement est efficace. Le personnage passe de jeune quelque peu naïve à femme forte de manière plus qu’efficace. Sa relation avec sa tante est un pilier dramatique du long-métrage, toujours bien utilisé. La tante en question est attachante et sa relation avec le meilleur ami de Sota (protagoniste masculin du long-métrage) est assez drôle à suivre, le personnage du meilleur ami étant d’ailleurs le plus drôle du film. Sota est lui assez sympathique en particulier grâce à l’idée de le transformer en chaise, offrant des moments assez drôles. Quant aux personnages secondaires, il est toujours agréable de voir un film prenant le temps de les rendre attachants et intéressants en peu de temps d’écran.

En conclusion, Suzume est à l’heure actuelle le meilleur film d’animation de 2023, bien supérieur à Mario. Seul candidat potentiel pour lui prendre sa place, Across The Spider Verse à moins que Ruby l’ado Kraken ou Elemental parviennent à créer la surprise. Suzume prouve une nouvelle fois le talent du cinéma d’animation japonais qui ne se limite pas qu’aux Studios Ghibli. Suzume est un film émouvant, porteur d’espoir et sublimé par une animation aux petits oignons, tirant les larmes tant sa beauté rejoint l’émotion du script. En bref, Suzume est un chef d’œuvre d’animation dont les quelques défauts que j’ai à lui donner relèvent uniquement du chipotage. Une nouvelle preuve que le cinéma d’animation lorsqu’il est pris au sérieux est capable de choses inatteignables par la prise de vue réelle.


Ghosted de Dexter Fletcher, sorti le 21 avril sur Apple TV +

Ana de Armas est une excellente actrice. Elle n’est certes pas la meilleure actrice de sa génération mais elle est tout de même capable d’offrir des performances justes et émouvantes comme l’ont montré les films Blade Runner 2049 et Knives Out ou encore le dernier James Bond, Mourir peut attendre. Pourtant, depuis 2022, la carrière d’Ana se limite à des films à destination des plateformes de streaming et de piètre qualité. Nous pouvons citer Deep Water, Blonde et The Gray Man, tous trois sortis l’an dernier et dans lesquels Ana était la seule chose sauvable. Le film Ghosted avait tout pour redonner confiance en la carrière de l’actrice en raison du réalisateur, Dexter Fletcher (Rocketman). Pourtant, suite à la première bande-annonce le sort du film semblait scellé, un énième mauvais téléfilm de streaming. Ghosted est-il un énième mauvais choix dans la carrière d’actrice d’Ana de Armas ou le film surprend-il positivement ?

Commençons tout d’abord par traiter du casting du long-métrage. Là où Ana de Armas prouve une nouvelle fois être douée de talent, le reste du casting est au mieux digne d’un téléfilm, au pire grotesque. Ana de Armas parvient à être convaincante dans son rôle et cela malgré une écriture ratée ainsi que des dialogues mal écrits. Son jeu parvient même souvent à être juste, l’actrice parvenant à jouer des émotions contradictoires de manière crédible par son regard. L’actrice parvient même à faire sourire, ce qui est assez rare dans ce long-métrage. Son personnage est lui aussi correct, même si dans ce cas le terme le plus adapté est que son personnage est le moins pire de tous. Pourtant, celui-ci est détruit à deux reprises par le scénario (je reviens dessus par la suite) et son potentiel n’étant qu’effleuré. Effectivement, le potentiel du personnage est le suivant : une espionne se rendant compte qu’elle risque de mourir sans rien n’avoir accompli dans sa vie sur le plan personnel. La façon dont le film le traite est la suivante : « Regardez la elle n’aime personne ! ». Le personnage possède toutefois un développement, loin de son potentiel certes mais ayant le mérite d’exister ce qui n’est pas le cas pour les autres personnages.
Pour le reste du casting et des personnages, les choses se gâtent, à commencer par la foire aux caméos que constitue le long-métrage. En effet, Chris Evans étant l’acteur de Captain America dans le Marvel Cinematic Universe, Ghosted se sent obligé d’en faire des références. Outre la réplique « I can do this all day », il y a surtout la présence des acteurs Anthony Mackie et Sebastian Stan, ses acolytes dans son rôle chez Marvel. Là où ces caméos auraient pu être bien écrits, offrant une référence sympathique, ceux-ci sont au contraire écrits pour être une référence grossière au MCU afin de contenter les fans de cet univers sur les réseaux sociaux. Cette référence n’apporte rien au récit, les personnages étant transparents, et l’interprétation aux abonnés absents. Pourtant le pire caméo n’est pas celui-ci mais bien l’apparition surprise de Ryan Reynolds en fin de film, gênant, et transformant le personnage de Sadie (personnage d’Ana de Armas) en personne odieuse.
Transformation s’ajoutant à celle faite lors de la scène au Pakistan, faisant de Sadie un personnage féminin avec qui avoir une relation sexuelle et non un véritable personnage.
Pour ce qui est de Chris Evans en lui-même, son jeu d’acteur manque de crédibilité, tout reposant sur son charisme? Or, le film est censé nous faire croire qu’il s’agit d’un personnage faible, ce qui n’est pas du tout crédible en raison de l’acteur et offre des scènes difficilement crédibles notamment une dans laquelle nous devons croire qu’il est incapable de courir. Pour finir avec son personnage, celui-ci est écrit comme deux personnages différents, ne possède aucune dramaturgie et est des plus gênants.

Pour continuer sur les personnages, revenons sur l’aspect romantique du long-métrage. Bien que l’alchimie entre De Armas et Evans soit convenable, elle ne parvient pas forcément à convaincre. Pour ce qui est du scénario, le film donne l’impression de vouloir développer le côté toxique du personnage de Cole : une idée intéressante bien que risquant de surcharger le long-métrage. Pourtant, le film ne va jamais au bout de ce qu’il veut faire avec cet aspect, le transformant plus en blague qu’en thème sérieux et ruinant le développement potentiel de Cole, celui-ci gagnant à la fin. La romance en elle-même est digne d’un mauvais téléfilm de Noël et cela dès le départ avec une scène de rencontre ridiculement gênante. Enfin, le développement du couple est inexistant, le running gag du « You Should Get a Room », en plus de n’être pas drôle, est la seule justification donnée à l’existence de ce couple.
Pour ce qui est du scénario tout court, celui-ci est doté d’une écriture conventionnelle, de blagues ne fonctionnant pas en plus d’être souvent basées sur des références uniquement, ainsi que de dialogues de téléfilm voire de parodie mais se prenant au sérieux à en devenir ridicule. Si seulement la partie téléfilm du long-métrage était assumée, une parodie sympathique aurait peut-être pu exister, mais Ghosted rajoute à ça une intrigue d’agents secrets déjà vue offrant un résultat ne fonctionnant ni en comédie romantique ni en film d’action.
Comme dit en introduction, le choix de Dexter Fletcher à la réalisation avait aux premiers abords tout pour rassurer sur la qualité du long-métrage, au minimum sur la qualité de la réalisation. Une certaine déception apparaît alors lorsque l’on se rend compte de l’inexistence, ou presque, de toutes idées de mise en scène. Presque, étant donné que quelques idées existent par instant bien que ruinées par les dialogues et le jeu des acteurs. Nous pouvons noter la course-poursuite en bus, assez plaisante dans sa réalisation ainsi que le combat final qui, malgré une action des plus conventionnelle (n’est pas John Wick qui veut), reste convenable et agréable à regarder, en comparaison avec le reste du long-métrage. La réalisation est impersonnelle le reste du temps avec des plans très mal filmés notamment ceux en voiture, une photographie pauvre ainsi que des fonds verts et effets spéciaux extrêmement laids.

En conclusion, presque rien n’est à sauver de Ghosted. Si la première bande-annonce vendait un téléfilm, il semblait au moins être un téléfilm divertissant. Mais Ghosted ne parvient pas à susciter un quelconque amusement tant les défauts sautent aux yeux : casting mal dirigé, musiques populaires mises de manière aléatoire, romance plus forcée que celle d’un téléfilm de Noël, morale bien plus que douteuse (soyez un stalker pervers et vous pourrez sortir avec Ana de Armas), humour gênant, scénario sans intérêt ainsi qu’une mise en scène absente. Cela amène à se demander si ce film de plateforme n’est pas en réalité un moyen de blanchir de l’argent tant personne ne fait le strict minimum, à l’exception certes d’Ana de Armas. Astérix et l’empire du milieu ainsi que Ant Man and the Wasp : Quantumania semblait inatteignable en termes de nullité cette année, pourtant Ghosted est un nouveau concurrent sérieux pour la place du pire film de 2023.

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