2 suites de Mars 2023 : John Wick 4 et Shazam 2

À l’exception peut-être du mois d’octobre 2021, un mois n’aura pas été aussi chargé en termes de sorties de films en salle que ce mois de mars 2023 depuis le début l’année 2019. En effet, avec la sortie en salle des suites de quatre franchises du paysage hollywoodien à savoir Scream, Shazam, Creed et John Wick, mais aussi la sortie films américains de 2022 des réalisateurs Sam Mendes et du français Florian Zeller, du retour des séries B au cinéma comme Cocaïne Bear et 65 : la terre d’avant mais aussi de plusieurs comédies françaises. Cette lignée du retour massif des films en salles après trois années de pandémie semble d’ailleurs se confirmer avec la programmation du mois d’avril.
Sont aussi sortis ce mois-ci Empire of Light de Sam Mendes (1917, Skyfall) que je n’ai pas pu pouvoir, ce-dernier ne passant pas vers chez moi, tout comme 65 et Cocaïne Bear, deux films dont je n’ai entendu que du mal. Je n’ai pas non plus vu Creed 3 par manque de temps. Je n’ai malheureusement point vu non plus les films français Bonne Conduite et Apâches, tous deux m’attirant pourtant ni The Son, nouvelle adaptation de Florian Zeller d’une de ses pièces de théâtre. Autre film, le paradoxal Scream VI, meilleur suite à l’original malgré une fin décevante.
Je ne traiterais pas du très bon feel good movie français Les Petites Victoires de Mélanie Auffret, film à la réalisation classique mais intelligente, parvenant à allier humour et tendresse avec des thèmes sociaux forts tout en étant porté par un duo d’acteurs plus qu’efficaces (Julia Piatton et Michel Blanc) : film ne révolutionnant rien mais faisant passé un bon moment, ni de Je verrai toujours vos visages, film français au sujet de la justice restaurative qui, malgré un sujet passionnant, frôle trop souvent avec le reportage pour le rendre suffisamment intéréssant.


John Wick 4 de Chad Stahelski, sorti le 22 mars au cinéma

La franchise John Wick est parvenue depuis son premier opus à apporter un vent de La franchise John Wick est parvenue depuis son premier opus à apporter un vent de fraîcheur au cinéma d’action hollywoodien, notamment par ses inspirations issues du cinéma Hong-Kongais. Le premier volet sorti en 2014 nous présente le jeune veuf John Wick qui fait face à la mort de son chien, dernier souvenir de sa défunte épouse et part en croisade pour le venger, renouant avec son passé d’assassin. Ce premier volet est un très bon film d’action parfois grotesque dû à la tentative d’être réaliste alors que le scénario est souvent idiot mais le tout fonctionnant bien notamment grâce à la mise en scène de Chad Stahelski. En 2017 sort le deuxième volet de la saga, un film semblant répéter le scénario du précédent mais avec une réalisation bien plus puissante. En 2019 sort le troisième chapitre qui voit son scénario aller toujours plus loin et sa mise en scène continuer sa progression en termes d’inventivité et nous conduisant à ce quatrième opus. Lé film est réalisé par Chad Stahelski sur un scénario de Michael Finch et Shay Hatten.
Le casting de cet opus se compose de Keanu Reeves dans le rôle titre mais aussi de Ian McShane, du regretté Lance Reddick et de Laurence Fishburn pour les retours tandis que Donnie Yen, Hiroyuki Sanada, Bill Skarsgard, Clancy Brown, Scott Adkins et Rina Sawayama rejoignent la saga. Là où le scénario des précédents était parfois absurde mais l’action toujours jouissive, ce John Wick 4 parvient-il à se démarquer de ses aînés ou la saga se répète-t-elle ?

Autant commencer par traiter de la principale qualité de la trilogie, ici plus abouti encore que dans les opus précédents : l’aspect visuel.
Si les blockbusters hollywoodiens actuels semblent devenir de plus en plus fade, sans vie et identique, abandonnant toute personnalité pour coller au cahier des charges de l’attendu comme le prouve la purge Ant Man and The Wasp : Quantumania sorti le mois-dernier, la saga John Wick a toujours mis à cœur de travailler son image notamment en embauchant comme directeur de la photographie Dan Laustsen, habituel de Guillermo Del Toro (Nightmare Alley) mais en laissant à son réalisateur, l’ancien cascadeur Chad Stahelski le soin de faire des expériences visuelles souvent proches du jeu-vidéo afin d’obtenir des scènes d’actions rafraîchissantes tout en régalant la rétine. En effet, lorsque l’on voit John Wick 4, on ne peut être que bluffé par le travail apporté à la partie visuelle du film, le rendant véritablement beau mais aussi unique en son genre. Visuellement, John Wick 4 est irréprochable. Laustsen et Stahelski s’associent pour offrir un rendu propre rempli de personnalités notamment à travers leur travail sur la lumière, le cadrage et la photographie, employant des néons à diverses reprises pour accentuer la beauté du film, mettre en avant les personnages et l’action et s’assurer d’un rendu toujours lisible et toujours plaisant à regarder. Ce travail sur la photographie de Laustsen s’additionne à une réalisation de Stahelski divertissante et créative mais aussi techniquement irréprochable, la maîtrise de l’ancien cascadeur se ressentant sur chaque plan. Sa réalisation est remplie d’idées innovantes, notamment celle de filmer une scène entièrement d’un point de vue aérien, et iconise le héros du film, John Wick, d’une manière presque divine mais parvenant toutefois à le filmer de manière vulnérable afin de le rendre émouvant. L’ancien cascadeur met ses connaissances au service de sa réalisation pour offrir des scènes d’actions jouissives, violentes et décomplexées, sans pour autant enjoliver la violence, mais surtout innovantes, jamais répétitives et extrêmement lisibles grâce à un montage intense, bien ficelé et une caméra qui sait comment filmer.
Cette mise en scène irréprochable ne s’accompagne pas uniquement d’une photographie sublime mais aussi d’un souci du détail visuel qui fait du bien et d’une véritable adaptation aux différents environnements proposés pour éviter toute répétition. Ainsi, Osaka, Berlin et Paris offrent tous les droits des scènes drastiquement différentes mais tout aussi jouissives à regarder grâce à un atmosphère spécifique à chacune des trois villes et à un respect de leurs environnements : rarement la place de l’étoile et les escaliers de Montmartre n’auront été si intéressants à voir tandis que Paris parvient à être merveilleusement mise en lumière, la promotion autour de la ville ne mentant pas sur la marchandise.

Ces qualités visuelles et techniques se ressentent notamment lors de la scène d’action du club de Berlin, une des plus intenses du long-métrage dans laquelle on ressent tout à fait la violence des coups, en plus d’être imposante par une photographie sublime, des décors grandioses et un mixage son puissant marqué par des choix de musique rappelant le jeu-vidéo Cyberpunk et s’adaptant parfaitement avec le reste de l’action, comme le reste de la musique du long-métrage. Pour ce qui est du mixage son, le travail technique effectué sur celui-ci est à l’image du travail effectué sur la photographie : sublime. Le long-métrage parvient à se servir de la musique de différentes manières et de synchroniser bruits de balles, de mouvements et de radios sans qu’un n’empiète sur l’autre offrant une véritable cohésion sonore.
En bref, la partie technique de ce John Wick 4 est irréprochable tant d’un point de vue visuel que sonore allant jusqu’à un affichage de sous-titre s’éloignant de la sobriété pour convenir au défouloir que représente ce long-métrage.
Pour ce qui constitue le scénario de ce long-métrage, alors que l’on pouvait s’attendre à quelque chose d’idiot frôlant parfois le grotesque comme peuvent l’être les trois films précédents par instant, celui-ci surprend au contraire par ses nombreuses qualités. Loin d’être digne d’un oscar et parfois ridicule, ce scénario parvient néanmoins à développer l’univers du film et ses personnages, tout en assumant pleinement ses moments grotesques, les rendant encore plus plaisants à voir. C’est par exemple le cas du personnage de Killa, responsable du club de Berlin, dont le costume et la personnalité font immédiatement penser à un méchant de cartoons digne des Looney Tunes. Là où un tel personnage dans un univers ultra réaliste n’aurait que renforcer l’aspect ridicule de la chose, le placer dans un univers assumant son aspect grotesque permet de rendre la chose à la fois drôle, imposante et crédible. C’est d’ailleurs sur ce point que le scénario de ce long-métrage est fort, sa façon de jouer avec la suspension consentie de l’incrédulité, rendant tous les instants irréalistes et grotesques plaisants à voir car l’univers assume ce qu’il est. De plus, le scénario simpliste s’excuse par la puissance des scènes d’action mais aussi par sa recherche de développement de l’univers et des personnages, rendant ceux-ci attachants et étonnamment touchants. En effet, le trio principal est agréable à suivre tandis que l’humour est plaisant et l’émotion étonnamment présente, bien dosée et jamais forcée. Pour ce qui est des enjeux, ceux-ci parviennent à ne pas se répéter avec ceux des différents opus et amènent sur la table des méchants intéressants et crédibles, en particulier celui de Caine, porté par le charismatique Donnie Yen qui rend son personnage émouvant.
Enfin, pour ce qui est du casting, si aucune performance n’est magistrale, elles sont toutes néanmoins crédibles et jouées avec un charisme qui occupe tout l’écran.

En conclusion, John Wick 4 confirme le statut de future saga culte de la franchise. En quatre films, Stahelski est parvenu à ne jamais échouer malgré des instants de scénario parfois grotesques dans la saga. Pour ce qui concerne ce quatrième opus, il est non seulement le meilleur de la quadrilogie mais semble être le meilleur film d’action, voire blockbuster de 2023 sur le plan qualitatif (à voir si l’avenir me donnera tort ou raison). Le scénario simpliste, mais n’oubliant pas l’émotion et restant cohérent, est compensé par une pépite visuelle qu’il s’agisse de la lumière, du cadrage ou de l’emploi de néons, tandis que la réalisation parvient à offrir des scènes d’actions jouissives, non répétitives et toujours créatives. En bref, John Wick 4 permet de prendre son pied malgré un début hésitant et une durée peinant à se justifier permettant toutefois à la saga de s’arrêter avant de tourner en rond.


Shazam 2 : la rage des dieux de David F. Sandberg, sorti le 29 mars au cinéma

En 2019 est sorti Shazam!, septième film du DC Extended Universe. Cet opus, troisième depuis le départ de Zack Snyder, fut le premier film DC à ressembler à un projet de la concurrence, le Marvel Cinematic Universe en raison de la prépondérance d’humour. Malgré cela et ses nombreux autres défauts, le film parvenait à conserver la « maturité » des films DC à travers une magnifique séquence horrifique ainsi que le thème sérieux d’un enfant abandonné cherchant à trouver sa famille. Un film correct, sans prétention mais agréable. Avec un box office certes faible mais rapportant trois fois le budget initial, une suite fut alors commandée. Mais alors que la promotion débuta, mauvaise comme souvent avec Warner, la nouvelle du soft reboot de l’univers par James Gunn tomba, offrant à ce Shazam 2 un sort similaire à X-men Dark Phoenix en 2019, celui d’un film envoyé aux oubliettes avant même sa sortie. Sort confirmé par les chiffres désastreux au box office et les faibles retours critiques. Alors que les enjeux de ce volet sont plus grands que ceux du premier, en est-il autant de la qualité ?

Pour commencer, parlons de ces enjeux. En effet, ce second et surement dernier opus fait le choix d’augmenter drastiquement les enjeux par rapport au film initial en inventant trois déesses voulant récupérer la graine de vie pour repeupler le monde des dieux en volant les pouvoirs de la Shazam Family. Ce qui est dommage avec ces enjeux, c’est qu’ils transforment quelque peu nos héros en méchants de l’histoire. Là où le sorcier dit tout au début que les déesses sont dangereuses, le film révèle que seule une des trois l’est vraiment, faisant alors poser une question : pourquoi ne pas avoir simplement cherché une solution pacifique ? À la rigueur ce problème est excusable, ce qui n’est pas le cas pour les deux autres soulevés par ces nouveaux enjeux. Le premier est que ceux-ci rendent simplement caduc le film. En effet, à la fin du premier volet était teasé une nouvelle menace, Mister Mind. Ce film n’y fait référence que dans la seconde scène post générique pour dire que oui, Mister Mind va arriver dans le troisième film qui n’existera jamais, ce qui donne à ce Shazam 2 une impression d’inutilité. Second problème soulevé par ces enjeux : ils empêchent tout développement aux personnages. En effet, les vingt premières minutes laissent à penser que nous allons assister à un Billy devant accepter de grandir et de dire au revoir à sa nouvelle famille. Sauf qu’une fois les méchantes arrivées, ce début de développement est abandonné, en grande partie parce que Zachary Levi remplace Asher Angel dans le rôle de Billy pour la majorité restante du long-métrage. Ainsi, le film abandonne l’émotion pour l’action, ce qui aurait été quelque peu excusable si l’action était au moins intéressante.
Or, l’action ne parvient jamais véritablement à l’être malgré quelques moments épiques. Celle-ci est rushée en plus d’être gâchée par une absence de focus narratif et par la dominance d’un humour faisant grincer des dents. Pour ce qui est de la réalisation, si David F. Sandberg sait mettre en scène et le prouve, se faisant même parfois plaisir à travers des scènes plutôt violentes, sa réalisation reste toujours classique comme le prouve la scène d’introduction. Cela témoigne de l’absence de personnalité de ce long-métrage, absence se ressentant particulièrement lors du dernier acte bien trop long qui voit les héros affronter un dragon et des créatures mythologiques se ressemblent toutes et toutes grises. La mythologie grecque est d’ailleurs sous exploitée.
Malgré cela, la photographie du film est assez belle avec certains plans très beaux à voir. Pour ce qui est des effets spéciaux, là où certains piquent un peu les yeux, ceux-ci sont dans la globalité plus que convaincants.

Comme dit précédemment, l’humour de film fait souvent grincer des dents. Malgré cela, certaines blagues sont assez efficaces, notamment celles du père de famille ou du personnage de Darla dont l’innocence est amusante. Exceptés ces quelques blagues, celles de la majorité du film sont juste nazes, en particulier celles dites par Zachary Levi. L’acteur est en effet le plus gênant du lot et ce n’est pas uniquement la faute à son écriture mais bien à son jeu d’acteur. Il est en surjeu constant et n’est jamais crédible. L’écart de jeu et de justesse entre sa version adulte de Billy et celle adolescente de Asher Angel est bien trop important pour parvenir à croire qu’il s’agit du même personnage. En effet, là où Levi en fait trop et fait grincer des dents, Asher Angel parvient à jouer son Billy de manière juste, convaincante et émouvante. Pour ce qui est du casting d’ailleurs, là où Grace Caroline Carrey, Jack Dylan Grazer et Helen Mirren sont dans la lignée d’Asher Angel, à savoir des performances convaincantes parvenant à rendre leurs personnages attachants malgré une écriture discutables, Lucy Liu s’ennuie et le fait sentir tandis que Rachel Ziegler se montre plus que décevante tant sa performance n’est ni faite ni à faire.
Ceci étant dit, passons aux personnages campés par ce casting en demi-teinte. Là où Mary, Freddy et Darla parviennent à devenir attachants notamment grâce à leurs interprétations, le reste des personnages est plus qu’oubliables, n’apportant pas grand chose au récit et possédant un développement inexistant. Le problème du développement est d’ailleurs un problème global de ce long-métrage : Billy n’en a aucun, le film lui donnant d’ailleurs raison de ne pas changer, et la shazam family n’étant développée que lors d’une scène, la meilleure du long-métrage, au tout début. Ce qui est fortement dommage lorsque cette partie parvient à se montrer émouvante en plus d’offrir un ensemble fonctionnant bien. Pour ce qui est des autres personnages, le sorcier peine à convaincre, étant parfois idiot et parfois sérieux, rendant le personnage assez inconsistant tandis que les trois méchantes font parties des moins intéressantes du DCEU, leur motivation n’étant pas bien développée et leur comportement digne de méchantes lambda.
Pour ce qui est des costumes, là aussi le film est en demi-teinte : celui de Billy est sympathique mais légèrement moins intéressant que celui du premier film, ceux du reste de la Shazam Family sont en revanche bien plus convaincants que lors du premier film tandis que ceux des méchantes sont plutôt beau mais ne se différencient pas de costumes d’amazones lambda.
Enfin, le scénario du long métrage est classique. Tellement classique qu’il semble avoir été écrit par Chat GPT tandis que les dialogues sont similaires à ceux d’une série de la CW, chaîne de télévision américaine connue pour la pauvreté de ses séries. Le plus gros point commun avec un programme de la CW est sûrement la romance entre Freddy et Anthéa, une romance sans développement et faisant grincer des dents.

En conclusion, Fury of the Gods donne bel et bien l’effet d’un film jeté à la poubelle par un studio pressé de se lancer dans son nouvel univers. Malheureusement, les quelques qualités de ce long-métrage, à savoir les personnages de Freddy, Darla mais surtout Mary interprété par la très bonne actrice Grace Caroline Carrey, ne parviennent pas à sauver le long-métrage d’une écriture digne de Chat GPT. Doté d’un humour souvent cringe en particulier lors des répliques de Zachary Levi, d’un aspect émotionnel disparaissant pour laisser place à de l’action peu entraînante, d’une romance digne de la CW et d’une absence totale de développement, ce Shazam 2 déçoit grandement lorsqu’on se rend compte que sous l’ensemble de ces défauts se cache un film qui aurait pu être excellent, celui contant l’histoire d’un enfant devant accepter de grandir et de quitter le cocon familial. En bref, Fury of The Gods n’est pas le pire film qu’a fait DC (Black Adam est bien pire) ni le pire film de super-héros de l’année (Ant Man Quantumania existe) mais il ne parvient pas à rattraper le niveau d’un premier opus déjà peu inspiré.

4 commentaires sur « 2 suites de Mars 2023 : John Wick 4 et Shazam 2 »

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