JOJO RABBIT ; QUAND TAIKA WAITITI PARLE DU NAZISME.

Taika Waititi, réalisateur de Thor Ragnarok et de Vampires en toute intimité, nous plonge dans la vie d’un jeune allemand, âgé de tout juste dix ans, durant la seconde guerre mondiale, avec une confiance aveugle envers le führer.
Le jeune Roman Griffin Davis a la lourde tâche d’incarner Jojo Rabbit, ce jeune « nazi », qui va voir sa vie basculée quand il découvrira que sa mère héberge une jeune juive.
Scarlett Johanson (Avengers, Marriage Story), Sam Rockwell (La Ligne Verte), Thomasin McKenzie, Alfie Allen (Game of Thrones), Rebel Wilson (Isn’t it romantic),  Archi Yates, Stephen Merchant (The office, Logan) et Taika Waititi (réalisateur du film) accompagnent le jeune Roman dans ce long métrage.
Le film est-il donc une simple représentation de la vie d’un allemand durant la seconde guerre mondiale peu originale ou est-il un magnifique questionnement sur le bien et le mal ?

Affiche du film Jojo Rabbit de Taika Waititi (2019/2020)

Le film est assurément une satyre bien écrite. Il est bien plus profond qu’une simple comédie ou qu’un banal film de guerre.
Jojo, un enfant voulant absolument devenir garde rapproché d’Adolf Hitler, son idole, qui est en plus son ami imaginaire, va se retrouver blessé à cause d’une grenade pendant son séjour chez les jeunesses hitlériennes mettant ainsi fin à ses rêves. Il découvrira plus tard une jeune juive de dix sept ans cachée dans l’ancienne chambre de sa sœur par sa mère, interprétée par Scarlett Johanson.
Roman Griffin Davis m’a bluffé. Il incarne Jojo avec un énorme talent. J’espère vraiment pour lui que sa carrière ne fait que commencer. Sa prestation est digne de grands acteurs et ce malgré son jeune âge (12 ans).
Thomasin McKenzie qui incarne quant à elle Elsa, jeune juive qui a perdu ses parents et a enchaîné les refuges jusqu’à la maison de Jojo, interprète elle aussi très bien son personnage qui est très touchant.

Thomasin McKenzie dans le rôle d’Elsa, à gauche, et Roman Griffin Davis, Jojo Rabbit, à gauche.

Le parallèle entre Jojo et Elsa est très bien amené. Leur relation, qui permet une réelle évolution chez les deux personnages mais en particulier pour Jojo, est parfaitement construite. Jojo la considérant au début comme une sous race mais apprenant à la connaitre au fur et à mesure allant jusqu’à l’apprécier énormément. Elsa est d’ailleurs un personnage très bien écrit, elle est drôle, émouvante et attendrissante.
Jojo nous est d’abord présenté comme un personnage touchant bien que ses idéaux soient scandaleux pour au final, en évoluant grâce à Elsa, devenir le personnage le mieux écrit du film.
Avant de revenir sur les personnages adultes du film, il reste encore un enfant sur lequel s’attarder, Yorki. Meilleur ami de Jojo (si on ne compte pas Hitler). Yorki se montre plus intelligent que Jojo en suivant moins les idéaux nazis aveuglement et en considérant les juifs différemment que son ami. Yorki, un petit gros âgé de dix ans, se retrouvant dans l’armée allemande, nous montre un personnage ne se souciant que peu de la politique et voulant profiter de son âge. Le tout accompagné par un jeune Archi Yates plutôt bon dans le rôle.
Rosie, la mère de Jojo, est elle aussi bien écrite, elle est très émouvante et parvient aussi à être drôle. Scarlett Johanson signe ici l’une de ses meilleurs interprétation. La relation qu’entretient Rosie avec Elsa est agréable à suivre tout comme celle entre Rosie et son fils qui est plus dure sur le plan émotionnelle.

Sam Rockwell (sergent K), Scarlett Johanson (Rosie) et Roman Griffin Davis (Jojo) dans l’une des des scènes les plus marrantes.

Niveau nazi, le film se différencie en en rendant un attachant, celui de Sam Rockwell. Avec ce personnage, on voit qu’il n’est pas nazi par choix mais plutôt par obligation contrairement aux membres de la Gestapo, aux SS ou au personnage de Rebel Wilson. Rockwell donne tout ce qu’il peut dans son rôle. Alfi Allen a quant à lui un personnage plus anecdotique.

La scène de la Gestapo.

Stephen Merchant incarne un membre de la Gestapo antisémite au possible à merveille.
La scène du Heil Hitler avec la Gestapo montre un point important du film, la caricature du nazisme. Caricature aussi marquée par l’une des premières scènes dans laquelle le personnage de Rebel Wilson dit avoir eu dix huit enfants pour le Reich ou le moment où elle parle des « clones ».

L’ami imaginaire Hitler est supprimable du scénario malgré qu’il serve pour le personnage de Jojo, qu’il a certaines scènes marrantes y compris sa dernière et que Waititi s’amuse dans le rôle en voulant décrédibiliser Hitler au maximum.
Giacchino offre une musique très bien composé et les chansons utilisés ne la gâchent absolument pas. La musique nous met dans l’ambiance de l’Allemagne nazi dès le générique.
Waititi offre aussi une sublime mise en scène, un magnifique plan séquence suite à la mort d’un personnage, et un grand nombre d’idées intéressantes et créatives ainsi qu’un soucis du détail plaisant tel les bergers qui apparaissent d’abord pour une scène comique puis qu’on revoit vers la fin du film.
Niveau scénario, il montre un parfait mélange entre humour (comédie) et émotion (tragédie). Le film nous montre que le bien peut être dans des personnes semblant appartenir au mal et que les sentiments et émotions changent.


Jojo Rabbit est une oeuvre très profonde, un film ne contenant presque aucun défauts, une mise en scène très intimiste et des acteurs surprenants. Un énorme coup de cœur.
P.S. le film est certes sorti en 2019 aux Etat-Unis, étant sorti en 2020 en France, je le considère comme un film de 2020. 

Jojo Rabbit !
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